Association Européenne des Jeux et Sports Traditionnels

L'Association Européenne des Jeux et Sports Traditionnels

Un Réseau de Réseaux, une Equipe d'Equipes

En 2001, près d’une centaine de délégués de différentes organisations ont décidé de créer l’Association Européenne des Jeux et Sports Traditionnels (AEJeST), au service des jeux et sports traditionnels (JST). Cette initiative fait suite à plusieurs réunions et festivals scientifiques internationaux organisés entre les années 1980 et 1990.

Les membres fondateurs ont voulu activer un réseau de réseaux entre les différentes institutions européennes autour des JST. Ces organisations représentent les établissements d’enseignement (universités, écoles de formation), les fédérations, les associations sportives, les associations culturelles, les musées et les personnes sensibles aux JST.

Réunion constitutive (Lesneven, Bretagne, France, mai 2001)

L’AEJeST est une organisation non gouvernementale reconnue par l’UNESCO. Précisément en 2009, l’UNESCO, par l’intermédiaire du Comité intergouvernemental pour l’éducation physique et le sport (CIGEPS), a organisé une consultation collective à Téhéran (Iran) dans le but de créer une plateforme internationale pour le développement des jeux et sports traditionnels dans le monde. Lors de cette réunion, un texte a été convenu sur le concept des JST :

  • Les JST sont des loisirs et des activités récréatives, qui peuvent avoir un caractère rituel. Issus de l’identité régionale ou locale, ils font partie de la diversité du patrimoine universel. Pratiquées individuellement ou collectivement, elles sont basées sur des règles acceptées par le groupe qui organise ces activités, qu’elles soient compétitives ou non. Les JST sont populaires dans leur pratique et leur organisation, bien que s’ils sont transformés en sport, ils ont tendance à s’uniformiser et à s’institutionnaliser.

La volonté de travailler en réseau a fait de l’AEJeST l’une des organisations fondatrices de l’Association Internationale des Jeux et Sports Traditionnels (ITSGA), représentée par des organisations d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe.

Les JST identifient leur originalité dans chacune des actions motrices qui émergent de leur logique interne, car c’est une manifestation qui devient visible à travers le langage corporel.

Les centaines de JST  qui ont été développés par les communautés ludiques des différentes régions européennes,… témoignent d’un patrimoine culturel immatériel très varié. La pluralité des règles originales, des modes de relation entre eux par le mouvement, des espaces, des objets utilisés, des calendriers et des rythmes temporels ainsi que des expressions verbales qui les accompagnent, donne naissance à une exubérante ludodiversité (Parlebas, 2001[1]; Renson, 2004[2]).

Première réunion pour l'élaboration des statuts (Santander, Cantabrie, Espagne, novembre 2001)
Réunion pour finaliser les statuts (Campo, Aragon, Espagne, novembre 2001)

Le JST agit comme une société en miniature, un moyen d’entrer en société et de se socialiser (Parlebas, 2001). Actuellement, en Europe, des personnes appartenant à des groupes ethniques et à des cultures différentes vivent ensemble. Pour les personnes issues d’autres cultures, de nombreuses règles proposées par les jeux traditionnels représentent des façons peu familières de mettre leur corps en action et d’établir un contact motorisé avec les autres participants. Pour un immigrant, la participation à un groupe de castellers (tours humaines), à une équipe de bowling, à une course à pied, à un match de lutte traditionnelle, à un jeu de balle ou à un championnat d’oina est une excellente façon de vivre de façon motorisée au sein de cette culture locale, en favorisant l’inclusion, l’égalité des chances, la durabilité, la diversité et la tolérance culturelle.

Entrer en jeu, c’est entrer dans la société. Le JST invite à la rencontre sociale des personnes qui, en participant à un jeu, expriment la volonté de partager une expérience avec d’autres protagonistes.

Le JST, en tant que patrimoine culturel immatériel, est un cadre fabuleux pour les relations interpersonnelles visant au bien-être personnel et social. Le JST offre des possibilités extraordinaires pour développer une sociabilité ouverte, flexible et adaptable à des environnements changeants. Par leur langage corporel, les participants au jeu transmettent des sentiments, des connaissances et des apprentissages qui témoignent d’une façon de vivre en société.

Tous ces arguments constituent le “nord”, la boussole de l’AEJeST dans son intérêt pour étudier, maintenir et promouvoir le JST en tant que partie du patrimoine ludique immatériel. Ce patrimoine culturel que les JST rassemblent constitue une véritable richesse de la culture européenne et du reste des sociétés existant sur toute la planète.

L’AEJeST, une association en faveur du patrimoine culturel immatériel ludique.

Pensons globalement pour agir localement.

Pere Lavega

Président de l’AEJeST (à partir de 2017)

 

[1] Parlebas, P. (2001). Juegos, Deporte y sociedad. Léxico de praxiología motriz. Barcelona: Paidotribo.

[1] Renson, R. (2004). Ludodiversity: Extintion, Survival and Invention of Movement Culture. Saint Augustin: Academia Verlag.